Cinq raisons pour lesquelles Imagine ne peut pas disparaître

Comme l’ensemble de la presse libre, notre média traverse une période difficile au niveau socio-économique. Une campagne « Rester debout » et un plan de relance démarrent avec ce numéro spécial. Voici cinq (bonnes) raisons de soutenir Imagine.


1. Sa longévité et sa légitimité

En créant Imagine en 1996, ses fondateurs et fondatrices, avec à sa tête André Ruwet, ont ouvert une nouvelle voie dans le paysage médiatique belge avec un esprit d’innovation et d’anticipation – qui restera sa marque de fabrique. Elles et ils s’étaient donné pour mission de « débusquer les pistes alternatives », « investiguer », « désenclaver les idées originales et audacieuses »… (lire notre charte fondatrice). A travers ses 164 numéros, ses milliers d’articles, d’enquêtes, de reportages…, Imagine a gardé le cap et largement démontré qu’il était un média de référence fiable et légitime. Soucieux d’allier l’exigence et la déontologie journalistique (rigueur, diversité de ses sources, soin apporté à l’écriture, créativité graphique…), l’interdisciplinarité (associant des scientifiques, des artistes…) et une conception humaniste du journalisme (respect des personnes et des minorités, présence continue sur le terrain…), notre magazine a traversé le temps (il aura 30 ans en septembre 2026), acquis la reconnaissance de ses pairs, remporté plusieurs prix et récompenses et engrangé un certain succès d’estime en Belgique et à l’étranger.

2. Sa vision du journalisme constructif

Face aux tendances désormais bien documentées liées à la fatigue informationnelle, notre média se démarque en proposant un journalisme « de l’apaisement, de la responsabilité et de la lenteur »,
qui « tend à construire et à édifier, plutôt qu’à détruire ou à nier », comme le soulignait notre ancien rédacteur en chef, Hugues Dorzée, dans son dernier éditorial.

Un journalisme constructif indispensable à une époque dominée par la désinformation, la diffusion de fake news, les atteintes à la liberté de la presse… Il répond, par ailleurs, aux attentes d’une partie de l’opinion, comme le montre encore le dernier Digital News Report (2024) du Reuters Institute, selon lequel 46 % des personnes sondées affichent un intérêt marqué pour « l’actualité positive » et la « proposition de solutions ».

3. Son statut de média en « état d’urgence sociale et écologique »

A l’heure où la crise climatique et l’extinction progressive de la biodiversité sont reléguées au second plan des priorités politiques en Belgique, en Europe, aux Etats-Unis… ; que les limites planétaires sont dépassées les unes après les autres ; que la moitié de l’humanité vit en situation de forte vulnérabilité, Imagine continue à documenter, raconter et alerter autour des crises en proposant des récits originaux et nuancés autour de ces enjeux d’envergure. Il est par ailleurs le seul média belge à avoir rejoint la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, lancée en France et soutenue par des dizaines de rédactions et d’organisations.

4. Son impact et sa communauté

Notre média a été et reste une source d’inspiration importante pour les acteurs et les actrices de la transition écologique et sociale en Belgique. Depuis 1996, il a nourri des initiatives concrètes (villes et quartiers en transition, Ceinture Alimenterre…) et guidé de nombreux projets citoyens ou d’entreprises (création de la société de cyclo-transport Rayon9, prise de conscience du monde hospitalier en faveur de la durabilité, lancement de la Charte pour un enseignement à la hauteur de l’urgence climatique…) – voir notre « Rapport d’impact 2023-2024 » disponible sur notre site.

Par ailleurs, ses différentes enquêtes (sur le secteur des maisons de repos, Liège Airport et la multinationale Alibaba, les parcs animaliers, le circuit de Spa-Francorchamps…) ont contribué à faire bouger les lignes (débat public, interpellations parlementaires…).

Enfin, depuis sa transformation en coopérative, Imagine a renforcé son large réseau citoyen à Bruxelles et en Wallonie (ONG, secteur culturel et associatif…), démontré son expertise et sa capacité d’adaptation avec la création d’une agence de service à côté du média, et co-fondé le collectif Kiosque, réunissant sept médias libres belges francophones.

5. Son activité économique et sociale

Imagine COOP génère de l’emploi local et de qualité (six travailleurs et travailleuses salariés, 5 ETP en 2024) et participe à l’activité économique (graphiste, correctrice, journalistes, photographes, imprimeur, routeur, libraires…), avec un modèle d’entreprise (la coopérative à finalité sociale) cohérent avec des valeurs (d’entraide, de responsabilité, d’équité…), une éthique et des principes forts (contrôle démocratique, participation économique des membres, engagement dans la société…). Elle s’appuie, par ailleurs, sur une large communauté de plus de 500 coopérateur·rices dont 61 organisations membres (Les Grignoux, CNCD-11.11.11., CAL, FGTB, CSC, Humundi, Credal, Oxfam, L’Eden, Canopea, FDSS…). —


Imagine en dix dates

Septembre 1996
A l’initiative de Jacky Morael, journaliste de formation et secrétaire fédéral d’Ecolo, et avec l’expertise d’André Ruwet, ex-rédacteur en chef du magazine de l’ONG Greenpeace et journaliste au quotidien La Cité, Imagine le monde allant vert voit le jour. Un magazine trimestriel, financé par le parti, mais organisé en Asbl et qui fait le pari de l’indépendance.

Octobre 2002
Après un passage difficile en mensuel, les relations se distendent entre la rédaction et Ecolo. Après des mois de déchirements, Imagine est liquidé et l’équipe licenciée.

Février 2003
Après avoir racheté pour 1€ symbolique l’actif et le passif, le titre, le fichier des abonné·es, la rédaction relance un bimestriel 100 % autonome, autogéré et soutenu par ses lecteur·rices.

Mars 2005
Imagine et le CNCD-11.11.11 s’associent. L’ONG apporte son soutien financier et sa revue Demain le monde (DLM) est encartée dans chaque numéro.

Novembre 2014
En dix-huit ans d’existence, Imagine a connu plusieurs réformes graphiques, mais celle-ci est la plus marquante (changement de format, passage de 54 à 100 pages, fin de DLM et fusion des sujets Nord-Sud…).

Janvier 2020
Après un renouvellement partiel de sa rédaction, le magazine se déploie au terme d’un large processus éditorial, créatif et participatif : #Imagine2020 (Manifeste, nouveau lay out et site web écoresponsable…).

Septembre 2023
Fondée par ses travailleurs et travailleuses, la coopérative à finalité sociale Imagine COOP voit le jour avec deux branches d’activités : le média et l’agence de services. Une levée de fonds est organisée. Elle réunit plus de 500 coopérateur·trices dont 60 organisations membres.

Mars 2023
La rédaction déménage à La Menuiserie, le centre d’entreprises dédié à l’économie de la transition, à Liège.

Octobre 2023
Le magazine passe en trimestriel et propose une nouvelle plateforme digitale.

Avril 2025
La survie du média est posée dans un contexte économique tendu pour la presse. Une grande campagne « Rester debout » est lancée avec ce numéro spécial et une mobilisation des coopérateur·rices lors de l’assemblée générale d’Imagine COOP fixée fin mars.

— Un dossier de la rédaction.

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